Elie COGAN, Professeur Emérite de médecine interne, CHIREC & ULB
Jacques CROMMEN
Georges CASIMIR
Jean-Michel FOIDART
Président, Premier Vice-Président et Secrétaire perpétuel au nom de 112 membres de l' Académie Royale de Médecine de Belgique
Brigitte VELKENIERS, Cheffe du Service de médecine Interne, UZ Brussel
Jean Christophe GOFFARD, Chef de service de médecine interne , responsable des unités COVID, CHU Erasme
Leïla BELKHIR, Infectiologue, Cliniques Universitaires St Luc, UCL
Jean Cyr YOMBI, Infectiologue, Cliniques Universitaires St Luc, UCL
Andréa PENALOZA, Cheffe de Service des Urgences, Cliniques Universitaires St Luc, UCL
Vincent D'ORIO, Chef du Service des Urgences, U Liège
Emmanuel BOTTIEAU, Professeur de maladies infectieuses, Institut de médecine tropicale, Anvers
Jean Michel HOUGARDY, Directeur Médical, CHU Erasme
Jean-Louis VANOVERSCHELDE, Directeur Médical, Cliniques Universitaires Saint Luc, UCL
Philippe EL HADDAD, Directeur Médical, CHIREC
Benoit RONDELET, Directeur Médical CHU UCL Namur site de Godinne
Manfredi VENTURA, Directeur Médical, Grand Hôpital de Charleroi
Paul DE MUNCK, Président de la plateforme de première ligne wallonne (PPLW)
Cédric HERMANS, Interniste Hématologue, Président du Réseau santé Louvain
Alda DALLA VALLE, Infirmière, Vice Présidente de la FNIB
Daniel DE BACKER, Professeur de soins intensifs, Intensiviste, CHIREC & ULB
Fabio TACCONE, Intensiviste, CHU Erasme
Yves COPPIETERS, Epidémiologiste, Professeur de Santé publique, ULB
Sophie BLUMENTAL, Pédiatre Infectiologue, HUDERF
Thierry PEPERSACK, Professeur de Gériatrie, Institut Bordet, ULB
Jean GERAIN, Interniste-Infectiologue, CHIREC
Alexandre CLOTUCHE, Médecin généraliste
Philippe LANGLET, Gastroentérologue CHIREC
Yannick HANSENNE, Infirmier chef, soins intensifs MontLegia, CHC / Administrateur SIZ Nursing.
Mélanie GOSSEYE, Infirmière, Unité de Cardiologie, CHwapi
Irène DELVAUX, Infirmière chef en pneumologie,CHU Erasme, Belgian Respiratory Society
Boris BASTENS, Gastroentérologue, MontLégia
Denis BRISBOIS, Radiologue, Unité Fonctionnelle de radiologie interventionnelle, CHC MontLegia
Eva NAGODA NIKLEWICZ, Infirmière
Jean François ANDRE, Médecin Généraliste
Fabrice BOLLAND, Dentiste, administrateur de la Chambre Médicale Dentaire
Véronique PLUMEN, Dentiste spécialiste en réhabilitation orale et implantaire
Béatrice LEFEBVRE, Dentiste généraliste à Waterloo
Nathan CLUMECK, Professeur Emérite de maladies infectieuses, ULB
Vacciner sans délai les soignants contre la COVID-19 : une priorité absolue
Monsieur le Ministre,
Notre pays a été un des plus touchés par la pandémie de la COVID-19, déplorant une incidence de décès parmi les plus importantes d'Europe. L'insuffisance de mesures de protection adéquates a eu pour terrible conséquence de décimer la population vivant en maison de repos et de soins. Mais la COVID-19 n'a pas épargné non plus les soignants : médecins, infirmières, kinésithérapeutes, brancardiers, travailleurs sociaux, soit tout le personnel de santé sans exception mis au contact direct de patients infectés. Suite à la pénurie de masques et de matériel de protection de base tant en médecine ambulatoire qu'hospitalière, de nombreux soignants ont été gravement atteints par la maladie et en portent encore aujourd'hui des séquelles physiques et psychologiques importantes. D'autres, bien trop nombreux encore, en sont aussi décédés ou ont perdu un membre de leur famille proche. A ce jour, aucun relevé de la morbi-mortalité de la COVID-19 chez les soignants n'a été réalisé alors que le précédent gouvernement s'était engagé à réaliser ce cadastre
Pas encore sortis de la deuxième vague et dans la perspective d'une troisième, les professionnels de la santé restent particulièrement exposés au virus. L'apparition de nouveaux mutants réputés plus contagieux risque d'accélérer encore ce processus. En Grande-Bretagne, le système de santé est d'ores et déjà dépassé et mis en péril par l'augmentation du nombre de malades à traiter, conjugué à l'absentéisme des soignants (soit malades eux-mêmes de la COVID soit mis en quarantaine). Actuellement, en Belgique, des soignants et des membres de leur famille qu'ils ont malencontreusement contaminés sont encore hospitalisés dans des unités de soins intensifs.
Privés d'équipement de protection individuelle en suffisance au début de l'épidémie, les soignants exposés au virus se voient maintenant privés de vaccins au moment où débute la campagne vaccinale et ce alors qu'une pénurie de soignants se fait ressentir comme jamais dans les institutions de soins !
Pourtant, dès le mois de juillet, le Conseil supérieur de la Santé recommandait « de donner la priorité […] à tous les travailleurs des soins de santé pour assurer leur santé et un secteur des soins de santé fonctionnel lors d'une éventuelle prochaine vague de la COVID-19 »
Toutefois, dans un document publié le 3 décembre, la TaskForce Vaccination préconise de revoir les recommandations du CSS : « les groupes cibles prioritaires sont les maisons de repos et de soins (résidents et personnel) suivis par les autres institutions de soins et les professionnels de soins de santé »
La disponibilité des vaccins étant au départ limitée, l'OMS justifie et recommande de donner la priorité de vaccination aux soignants à moyen et haut risque de contracter la COVID
Il s'agit d'associer aux principes éthiques de protection des plus vulnérables (vaccinations dans les maisons de repos), un fondement utilitariste de la priorisation en proposant de vacciner prioritairement les professionnels de santé. Cette approche permet à la fois de mieux veiller à la prise en charge des personnes atteintes de COVID graves mais aussi de préserver la qualité des soins pour les malades souffrant d'autres affections sérieuses.
Il convient donc impérativement de prendre exemple sur les Pays Bas et la France qui viennent de revoir leur stratégie en intégrant les soignants dans cette phase initiale du programme de vaccination, rejoignant ainsi un nombre important de pays qui avaient déjà tenu compte des recommandations de l'OMS pour établir leur programme.
Nous comprenons, Monsieur le Ministre, la préoccupation de protection des ainés les plus vulnérables mais il est indispensable de protéger également les combattants de première ligne au contact de la COVID. Il s'agit donc de pouvoir vacciner ces soignants prioritairement et sans délai.
Vacciner les professionnels de la santé qui sont les plus à risque d'exposition au SARS-CoV-2, c'est aussi protéger notre système de soins, un édifice essentiel devenu fragile et dont vous êtes le garant.